Etuderies : Français du Canada et poitevin-saintongeais

Nombreux sont les points communs entre français du Canada et langues d’oïl de l’Ouest et du Centre, d’où étaient originaires les premiers colons européens du Canada, particulièrement en ce qui concerne le lexique commun au poitevin-saintongeais et au français acadien (Provinces maritimes du Canada) et dans une moindre mesure au français du Québec.

Néanmoins les parlers français d’Amérique se rattachent au français, dans la mesure où leurs principales structures sont semblables à celles du français commun et surtout parce que, au-delà des différences entre français de France et français du Canada, le mouvement de défense du français au Canada (acadien et québécois) et aux Etats-Unis (cajun, en Louisiane) s’appuie, contre l’anglais omniprésent, sur le lien avec la Francophonie. Ceci ne signifie nullement que les parlers français d’Amérique soient uniformes, bien au contraire.

Leurs points communs avec des langues d’oïl les  rapprochent non seulement du poitevin-saintongeais, mais aussi de l’angevin, du normand, du percheron. On en trouvera une liste détaillée non exhaustive dans l’étude Français d’Amérique et poitevin-saintongeais (Liliane Jagueneau).

Signalons quelques-uns de ces traits:

  • prononciation des voyelles nasales (ã dans bon, par exemple), des voyelles /i/, /y/, /u/…
  • grammaire : conjugaison des verbes à la 3e personne du pluriel en « ant »; conjugaison de tous les verbes avec « avoir » : « y m’ai trompé »…
  • lexique: des centaines de mots comme achaler, barrer, besson… ciler, since…

Comme en Europe, la langue régionale traditionnelle (français acadien et québécois, cajun) est de moins en moins pratiquée par les plus jeunes. On n’en retrouve pas moins nombre de mots communs au poitevin-saintongeais dans le joual ou le chiac, variétés du français du Québec et de l’Acadie qui mêlent français commun, mots traditionnels et anglais. Un roman récent de France Daigle, Pour sûr, mêle de façon remarquable ces différents langages selon l’interlocuteur qui prend la parole, un peu comme le fait la chanson « A bétou call me » de Christine Authier qui a deux particularités :

  • la même personne fait alterner anglais, français commun, poitevin-saintongeais et français du Canada.
  • Le poitevin-saintongeais y est présent en tant que tel, en particulier à travers « o », le pronom neutre de 3e personne (« est-o », « o l’est mélangé »…) et le pronom poitevin de première personne « y » (= « i ») : « y m’en va » (je m’en vais), tous deux totalement absents du français canadien et cajun.

En plus des livres et CD signalés dans l’étude ci-jointe, on pourra consulter des documents sonores accessibles sur Internet (Felix Richard Le boggy – Louisiane) et les pages Wikipedia Français acadien et Français québécois.

Signalons enfin une initiative récente de Serge Lusignan, qui attribue à son ancêtre poitevin la langue poitevine-saintongeaise dans l’ouvrage Le Petit Caillou (2016) qui raconte le départ de celui-ci en Amérique, en français et en poitevin-saintongeais (avec traduction).

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