Lire, vere pi écoutàe

Fables et récits de l’Épine, Île de Noirmoutier, Colette Devineau, La Geste, 2020.

http://www.gesteditions.com/parlanjhe/fables-et-recits-de-l-epine-ile-de-noirmoutier

Les fables de La Fontaine ont inspiré nombre d’auteurs en langues régionales. Mais le plus souvent, ils adaptent plus qu’ils ne traduisent. Sous la plume de Colette Devineau, animaux, personnages, paysages se trouvent naturalisés noirmoutrins et, plus précisément, épinerins. Le rat de ville vient ici de la Ville, c’est à-dire de Noirmoutier-en-l’Île, appelée régulièrement la Ville. Le savetier, devenu cordounér, habitant dans la Basse Rue, a affaire à in borjhoes, comme étaient désignés ceux d’au-dessus par les marins, sauniers, paysans. Savoir que le paysan noirmoutrin est in maréchin. Outre les fables, vous lirez des récits en prose touchant l’enfance, le souvenir du père marin, d’un temps béni où l’on fabriquait lés bousas de chauffage en famille. Mais, aujourd’hui, la terre sablonneuse produit des pépites, et le marais Bésér, dou viél, de la fleur de sel, qui est l’or blanc de l’île. Des poèmes célèbrent Mà patoes, qui est une vraie langue, mais non le bon temps qui ne fut pas bun pour tout le monde, comme l’attestent deux témoignages.

Sur le bout des langues par Michel Feltin-Palas

Plutôt étatistes en économie, les Français se montrent ultralibéraux quand il s’agit de langues, quitte à laisser dépérir leur extraordinaire patrimoine.

La réponse est oui, bien sûr, et il aurait suffi de peu de choses pour cela.

On le sait peu, mais imposer à un individu un changement de langue – ou d’accent – peut provoquer de graves traumatismes psychiques.

Après avoir passé des vacances en Corse, certains de mes amis sont revenus choqués, en me racontant plus ou moins toujours une scène ressemblant à celle-ci : « Je suis entré dans un bar, j’ai lancé un sonore « bonjour ». Eh bien, tout le monde a continué à parler en corse, pour bien me faire sentir que je suis un Continental. »

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