Cette chanson, qui enfile de façon systématique des affirmations incohérentes, se rattache à la « chanson de mensonges » ou de « non-sens » traditionnelle, pratiquée aussi par les poètes, que ce genre a inspirés. Contrairement au conte de mensonges dont l’absurdité repose souvent sur l’exagération, elle cultive plutôt l’absurde par incohérence. Interprétée par Marie Mallet, elle est publiée dans le CD Paroles du Mellois (UPCP-Métive et Geste éditions) dans la version recueillie en enquête par Maurice Pacher et présentée par Jean-Loïc Le Quellec. On peut aussi l’entendre sur le site du Cerdo (Centre d’étude, de recherche et de documentation sur l’oralité, UPCP-Métive).
I m’en anghi pr labouràe (bis) Mé i avàe pa de taeres la la Mé i avàe pa de taeres.Preni ma charue su mun dos (bis) Més deùs beùs den la poche la la Més deùs beùs den ma pochePi me rendi t-a la mésun (bis) Trouvi t-in bea ménajhe la la Trouvi t-in bea ménajheTrouvi la cane qui prétissét (bis) L’oae qui li donét l’aeve la la L’oae qui li donét l’aeve.Le grand jhàu qui chaufét le four (bis) Tout nu piés tout nu tàete la la Tout nu piés tout nu tàete. Pi munti vere den mun pllanchàe (bis) Trouvi t-in grand mulét crvai (bis) É le me mordit au talun (bis) Pi m’en anghi ché mun talleùr (bis) Pr m’y faere faere in sabarun (bis) |
I m’en anghi : je m’en allai
mun dos = mun dous = moun / men échine (fém.) jhàu : coq vere = voer
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Pr causàe, chantàe, lire, écrire en parlanjhe poetevin-séntunjhaes:
i m’en anghi…
Pour raconter, à l’oral comme à l’écrit, le poitevin-saintongeais utilise le passé-simple, qui porte bien son nom, puisque tous les verbes, à toutes les personnes, ont un passé-simple en -i :
i/jhe m’en anghi
te prenghis/pr(e)nis ta charue
a se rendit a la mésun
i/jhe trouvirun (ou : trouviyun ou : trouviriun)
vous douniréz (ou : trouviyéz ou : trouviriéz)
a chaufirant (ou : chaufiyéz ou : chaufiyiéz)
Continuez avec les autres verbes de la chanson : mordre, ségnàe, métre…
NB Beaucoup de verbes ont un passé-simple en -gh-, souvent prononcé »y » : i anghi, i prenghi, i vénghi…
Pour en savoir plus : Grammaire du poitevin-saintongeais (Michel Gautier, Geste éditions)
Prounums prsounàus sujhéts
Première personne : le pronom »i » est employé ici au singulier (= je); il peut aussi être utilisé au pluriel : »i nous anghirun »… On l’entend au début du texte et il est le plus souvent absent ensuite, les verbes pouvant être employés sans sujet quand celui-ci est évident. On trouve des formes voisines en occitan. On trouverait »jhe » en saintongeais.
Troisième personne masculin: »le me mordit au talun ». Le pronom »le », également singulier ici, (= il) peut aussi être employé au pluriel : »le me mordirant ». On trouverait »i » en saintongeais.
Troisième personne neutre : »O ségnét a moun orélle ». Le pronom »o » (ou »ol » devant voyelle) s’emploie quand on ne désigne ni une personne ni une chose ni un animal précis. En français ici on dirait : ça saignait à mon oreille. On le trouve dans beaucoup de cas : »ol ét le moument » (c’est le moment), »vat o »? (Est-ce que ça va?), qu’ét o ?, qu’ét o qu’ol ét ? (qu’est-ce ? Qu’est-ce que c’est?), »o moulle é o fét soulall, le Bun Dieù marie sun fall (il pleut et il fait soleil, le Bon Dieu marie son fils)…
A vous !
Racontez en quelques phrases une histoire vécue ou inventée, pleine de mensonges ou de vérités, en vous servant de ces pronoms et du féminin »a » ( »al » devant voyelle ; = elle), au présent, au passé-composé ou au passé-simple. Pr éxenplle :
»ol at daus afaeres pa coumunes ! L’àutre jhour en sortant de ché màe, qu’ét o qu’i veyi ?… »
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