Plusieurs chansons ont été écrites et chantées sous ce titre, à partir de la chanson d’Yves Duteil, La langue de chez nous. Celle dont vous trouverez le début ci-dessous a été publiée dans Qu’est-o qu’te m’chantes ? Les plus belles chansons rétaises (dir. Michel Fruchard, Nouvelles éditions Bordessoules, Saint-Simon-de-Pellouaille, 2016), livre accompagné d’un CD où sont interprétées une vingtaine de chansons et textes en parlanjhe de l’Ile de Ré.
La chanson commence en français et continue en parlanjhe. Ci-dessous, à gauche : début de la chanson dans la version originale (Paroles de Trébor, Robert Berchotteau, cf livre ci-dessus) et à gauche transcription en graphie normalisée de l’UPCP-Métive. Rappelons que cette graphie ne modifie en rien la prononciation originale, chacun pouvant s’approprier textes et chansons sous la forme orale qui lui convient.
1 Le parler de chez nous est un parler superbe
2 Qui garde ses racines dépis la nit dos temps. 3 O s’rait bé sur r’grettable que dans l’avenir le s’perde, 4 I serians épialés s’i perdians tchel accent. 5 O faut bé dire qu’aut’fouès dans not’ile tranquille, 6 Tretous parliant patois, mais y étians pas pus sots 7 Qu’les gens do continent qu’habitiant les grand’villes 8 Qui s’moquiant dos paisans qui portiant dos grous bots.
9 L’ile était tout en veugnes qu’étiant beun’ cultivèyes 10 Dampis les pux d’Rivedoux jusqu’après Saint- Tiément. 11 A partir de La Couarde ol était pouèt pareil, 12 En été on grâlait dans les marais salants, 13 La benasse était chère et la vie était dure. 14 Quand on rentrait le souère, on était éreinté, 15 Mais on était hurux en mangeant son pain d’bure 16 Avec un coup d’roûtie avant d’aller s’coucher. |
1 Le parler de chez nous est un parler superbe
2 Qui garde ses racines dépis la nit daus tenps. 3 O serét bé sur regrétablle que den l’avenir le se pérde, 4 I seriun épialais s’i pérdiun çhél accent. 5 O faut bé dire qu’autrefoués den notre ile trançhile, 6 Trtouts parliant patois, mé i étiun pa pu sots 7 Que lés jhens dau cuntinent qu’abitiant lés grand viles 8 se moquiant daus paesans qui portiant daus grous bots.
9 L’ile étét tout en vegnes qu’étiant ben cultivàies 10 Danpis lés peùs de Rivedous jhusqu’apràe Sént-Cllément. 11 A partir de La Couarde ol étét poét paréll, 12 En étai un gralét den lés maraes salants, 13 La benasse étét chére é la vie étét dure. 14 Quant un rentrét le soér, un étét éréntai, 15 Mé un étét eùreùs en manjhant sun pén d’bure 16 Avéc in coup d’routie avant d’alàe se couchàe. |
Premier couplet
Ligne 2 : nit = nét, neùt ; lignes 2-3 : le parlanjhe de l’Ile de Ré a le système pronominal du poitevin : le = il ; i= nous (ou je ailleurs) ; lignes4 : serians/seriun, perdians/pérdiun : la première personne du pluriel (ici : conditionnel présent et imparfait de l’indicatif) se prononce « ian», « ien» ou «ion» selon les endroits ; la graphie « iun » représente ces 3 prononciations ; ltchel/çhél : le «tch/çh» peut se prononcer de différentes façons, mais c’est toujours un [k] à l’origine, qui a été palatalisé ensuite, avec des nuances phonétiques différentes, ou qui est resté prononcé [k] ; lignes 6-8 : comme en occitan, au nord de la Vienne et dans une partie de la Charente ; à la 3e personne on a toujours les formes en «i» : parliant.
Second couplet
Ligne 9 : veugnes/vegnes, beun’/ben : les mots comme «veugnes/vegnes», «famelle», felle» correspondent en français à «vignes», «famille», «fille» : le «i» originel est passé à «e», ce qu’on trouve aussi pour d’autres voyelles : «queme» (= coume), «quemode» (= coumode), etc. «beun’/ben» : la consonne nasale «n» s’entend en finale, et la voyelle a perdu le caractère nasal qu’il a dans «bén» (= «bin»), qu’on trouve plus en Poitou, comme «chén» (cheun)… ; ligne 12 : «grâlait/gralét» ; ligne 13 : la benasse : les biens, les terres ; ligne 14 : souère/ soér = le sér ou le sàe : différentes formes existent pour le mot «soir» sans diphtongue (sér), avec diphtongue (soér, sàe) ou en [a], forme réduite de la diphtongue ; ligne 15 : hurux,burre/eùreùs, beùre : on note «eù» en graphie normalisée quand une voyelle peut se prononcer «eù» ou «u» (in eù, in beù…); ligne 16 : roûtie/routie : bol de vin chaud et sucré dans lequel on a mis à tremper du pain grillé.
É chantéz ben asteùre !
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