O vénghit in ordre dau roe (chanson)
Cette chanson du « déserteur poitevin » fait partie de la collecte de Jérôme Bujeaud à la fin du XIXe iècle et on peut encore l’entendre, transmise par la tradition orale. Elle connait de nombreuses variantes. Les plus récentes portent le titre du Mandement. Nous avons retenu les couplets 1-5, 7, 9. Elle est chantée dans le CD Chants de Noël et de protestation par Paul Tellier (La Soulère-UPCP-Métive)
Pr alàe a la ghére. Çh’étét prtant meù mun métàe De labouràe la tére. Pllant(e) çhi més aguelluns, Mun baetall é mes selluns. İ m’en anghi loén d’içhi Le m(e) dounirant in grand chapea Le me métirant de facciun Ol en avét su daus chevàus Le m’enm(e)nirant den in grand chanp I entendi çheùque chouse qui sifllét |
o vénghit : il vint mun métàe : mon métier aguelluns : aiguillons
çhi : ici
i m’en anghi : je m’en allai
i nun jha : moi, pas du tout
jhàu : coq
le bauliant : ils hurlaient
i trchi : je cherchai
créyi : je crus |
Jérôme Bujeaud, Chants et chansons populaires des provinces de l’Ouest, Réimpression de l’édition de Niort, 1895, Marseille, Laffitte Reprints, 1975, t. II, p. 238-340.
L’aviant daus grands pllumes de jhàu. Le bauliant queme daus loups. Çhélés qui saviant poet mun num…
L’IMPARFAIT de L’INDICATIF
I avàe/Jh’ avi daus pllumes. Te baulàes/baulis. A baulét.
I/Jhe saviun poet sun num. V’o saviéz poet. Al ou/a z-ou saviant poet.
L’imparfait de l’indicatif est formé en « i » [j] à toutes les personnes dans le sud du domaine poitevin-saintongeais, et au nord seulement au singulier. Ces formes rappellent une des désinences occitanes de l’imparfait, ce qui rappelle que le sud de la région a été de langue occitane.
ghére çhélés « GH » (dj…) et « ÇH » (tch…)
En poitevin-saintongeais on prononce [gj]/[j] et [kj]/[tj]/[tʃ] le /g/ et le /k/ devant les voyelles d’avant : [i], [y] (u), [œ], [Ø] (eu) : ghére, ghi, çhélés, çhau, çhitàe.
Les démonstratifs poitevins-saintongeais ont tous été d’abord des formes en [k], comme en occitan : au sud, à l’est et en bordure nord de la zone poitevine-saintongeaise ces formes en [k] se retrouvent aujourd’hui, tandis qu’au centre elles ont évolué, depuis les XVIe-XVIIe siècles, vers des formes en [kj], [tʃ], [tj]… notées ici « çh » : çheù draule, çhéte draulaesse…
NB La prononciation varie légèrement selon les lieux et les auteurs la notent de différentes façons : « th », « ti », « tch », « thi », « ty » ; gui, gh, gy, y… La graphie normalisée de l’UPCP note « çh » et « gh » ces variantes qui correspondent à une même tendance à prononcer en avant (palataliser), souvent avec un [j], les consonnes [k] et [g] en général devant voyelle antérieure.
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